Autour de Jean-François il n’y avait jamais des tonnes d’accessoires, d’assistants, ni de fastes quelconques. C’est quelqu’un qui pouvait travailler seul, avec ses deux boîtiers, sans lumière ni équipe. Il allait lui-même remettre une mèche ou bouger un vêtement. Il en profitait pour parler à la personne, la mettre à l’aise, la faire rire. Tout était bon pour détendre l’atmosphère et essayer de réaliser ses images dans une vraie intimité. En pub ou rédactionnel, il prenait toujours un assistant, mais pour réaliser ses images dites « perso » il aimait être seul. Il ne faisait jamais attendre les gens qu’il photographiait, c’est lui qui se dépêchait pour saisir l’instant, la petite flamme avant qu’elle ne disparaisse. Ce n’était pas un fou de technique mais un homme instinctif qui privilégiait le moment, le petit geste dans un cadrage qu’il maîtrisait parfaitement. Si ses photos ont pour la plupart d’entre elles cette vie et cette légèreté, c’est parce qu’il se rendait un peu « esclave » des personnes qu’il photographiait. Il avait bien une idée de ce qu’il voulait faire mais laissait toujours aux gens une grande liberté. Jean-François les laissait créer la vie dans un univers qu’il mettait en scène. Il n’avait jamais grand-chose sur lui, juste deux boîtiers et du temps à passer avec celles qu’il aimait photographier. Il rythmait ces moments par des blagues et ponctuait les séances photos de pauses cigarettes ou cafés prétexte à nouer une complicité essentiel pour lui, pour qu’il trouve ce « jeu » amusant et trouve l’inspiration.
Il aimait surtout que les gens se sente bien, heureux d’être la devant lui, prêt à tout donner. Il était persuadé que pour saisir l’instant magique, il fallait se dépêcher car ils ne duraient jamais longtemps. Il n’aimait pas faire poser ni faire attendre et considérait absolument ridicule de travailler des heures pour obtenir le genre d’image qu’il voulait. Je crois qu’il aimait vraiment rendre leur liberté aux gens avant de les sentir las ou fatigué. Ainsi, travailler avec lui devait absolument rester un instant fugace de plaisir et de complicité. Une matinée ou une après midi de grâce hors du temps et des emplois du temps.